La présente contribution entend interroger les conditions d’avènement et le statut de la lumière primitive dans le De opificio mundi de Jean Philopon. Ce choix en délimite naturellement le cadre. Nous proposons ici un travail exploratoire qui n’a d’autres prétentions que de trier et de sérier les principales difficultés qui ressortent de cette question. S’il y parvient, il aura atteint son but. Le sujet est délicat, car la question de la lumière soulève d’inextricables difficultés philosophiques à commencer par l’examen de son statut ontologique, en particulier le problème de sa corporéité ou, au contraire, de son incorporéité. Ce fut là un point de désaccord entre Platon, pour qui la lumière est une sorte de feu, et Aristote, pour qui la lumière est incorporelle. Ce désaccord fut source d’embarras pour les commentateurs tardo-antiques, et de Platon et d’Aristote, soucieux de faire ressortir l’accord foncier de leurs doctrines. Mais il faut compter avec une difficulté supplémentaire qui provient, pour l’essentiel, du texte biblique qui affirme la création de la lumière avant même que ne soient produits, et le firmament, et les corps qui, en lui, constitueront le substrat nécessaire à la lumière, à savoir les luminaires. Enfin une dernière difficulté, et non des moindres, car il s’agit d’une difficulté de méthode : Nous prétendons, en effet, déterminer une certaine théorie de la lumière dans un commentaire biblique qui n’a pas pour visée spécifique de nous fournir, de façon construite, les données que nous cherchons à récolter. En raison de l’absence de systématicité dans l’exposé de la question de la lumière, nous ne pouvons échapper au risque d’un travail de reconstruction qui n’aura sans doute pas su éviter de valoriser exagérément tel ou tel point mineur, et de minorer, voire d’omettre, tel ou tel aspect pourtant indispensable.